Nous avons vu que la première façon de lutter contre la courbe de l’oubli est de travailler l’encodage de l’information dans notre cerveau pour se créer des mémoires fortes. Cela ne garantit pas que nous n’oublierons jamais l’information que nous cherchons à retenir. La courbe de l’oubli fera toujours son œuvre. Mais cela signifie que l’information aura été encodée dans notre cerveau de façon beaucoup plus forte, beaucoup plus profonde, que nous mettrons bien plus de temps à l’oublier et qu’elle sera plus facilement réactivée. Elle sera extrêmement plus mémorable.

La deuxième façon de lutter contre la courbe de l’oubli est bien sûr par la répétition. Chaque fois que l’on revoit ou que l’on se remémore une information, le réseau de neurones associé s’active dans le cerveau, s’enrichit de notre expérience au moment du rappel et se renforce. A chaque répétition, l’information devient donc un peu plus durable, un peu plus persistante. Il devient ainsi possible d’espacer de plus en plus les révisions de la même information.

Ce système est extrêmement efficace, et au bout de quelques répétitions avec des espacements judicieusement choisis, il est possible d’atteindre des taux de rétention d’information assez exceptionnels. Ce principe est à la base de ce que l’on appelle la répétition espacée.

De nombreuses études ont été menées depuis les années 30 (oui: 1930! 😉 ) afin de déterminer quels sont les plannings de révision optimaux dans différentes situations. Les résultats ont été surprenants et parfois contre-intuitifs. Notamment, il a été démontré que dans certaines conditions, plus le temps de révision est éloigné du temps d’apprentissage, plus le renforcement de la mémoire est important. Bien sûr, ce phénomène n’est valable que pendant la période de temps où l’information n’a pas encore été oubliée.

Donc contrairement à ce que l’on pourrait penser, et contrairement à ce que l’on a pu nous faire croire pendant longtemps, à l’école notamment, l’optimal n’est pas de réviser comme un dur tous les jours, en rabâchant pendant des heures et des heures nos listes de vocabulaire et nos règles de grammaire. Il est possible (et même souhaitable!) d’être un peu paresseux et de réviser juste ce qui est nécessaire, au moment le plus opportun.

Et le moment le plus opportun en terme de mémorisation, c’est de réviser l’information juste avant que le cerveau l’oublie! Juste au moment où notre ami le cerveau pensait mettre l’information à la poubelle parce qu’elle n’a pas été utilisée depuis un moment, paf! on la révise. Le cerveau comprend alors que, contrairement à ce qu’il pensait, cette information nous est utile et il en renforce la trace mémorielle. Plus de temps s’est écoulé entre l’apprentissage précédent et la révision, plus la trace mémorielle est renforcée. Tout le jeu de la mémorisation est donc de revoir l’information juste au bon moment : pas trop tôt pour ne pas travailler plus que nécessaire et profiter du renforcement maximal du réseau neuronal, mais pas trop tard non plus pour que l’information n’ait pas été oubliée. Personnellement, je trouve ça assez génial! 😉

La force de la répétition espacée : revoir l'information juste avant que le cerveau l'oublie!
La stratégie de mémorisation optimale : revoir l’information JUSTE AVANT que le cerveau l’oublie!

Aujourd’hui, le principe de la répétition espacée est utilisé partout. Il a été intégré dans quasiment toutes les applications et logiciels d’apprentissage des langues sortis ces dernières années. Cela ne veut pas nécessairement dire que la façon dont il a été implémenté fonctionne vraiment et sera utile pour vous, mais le principe de la répétition espacée y est implémenté sous la forme d’un algorithme qui calcule pour vous l’espacement et le temps optimal pour réviser une information que vous avez déjà apprise.

En fait, un des défauts majeurs de ces applications et logiciels réside dans la force initiale des mémoires que vous créez, la première étape de la lutte contre la courbe de l’oubli. Ils délivrent tous un contenu standard pré-packagé qui n’est pas, par définition, personnalisé, et qui le plus souvent n’est pas non plus personnalisable, car ce sont des univers propriétaires et fermés. L’encodage de l’information qui en résulte pour vous, dans votre cerveau, penche donc plutôt du côté superficiel. Malgré l’efficacité redoutable de l’algorithme de répétition espacée, vous vous retrouvez dans la situation où vous vous acharnez à ancrer dans votre cerveau des informations de faible qualité, ou de faible force, des informations pour lesquelles vous ne pouvez tisser que très peu de liens avec les réseaux de votre cerveau. De plus, il n’y a généralement aucun contexte autour des informations que vous apprenez. Or le contexte est fondamental dans l’apprentissage du vocabulaire.

C’est pour ces raisons entre autres que ces applications ont un impact plutôt faible en terme d’apprentissage des langues : elles donnent l’impression d’apprendre dans le bon sens en vous faisant mémoriser des mots et des bouts de phrase sortis de tout contexte, elles sont amusantes à utiliser, mais en réalité, elles vous freinent plus qu’autre chose. Et surtout, elles NE permettent PAS, absolument pas, de viser un véritable niveau courant en langue.

Internet est bourré de témoignages de personnes déçues après avoir utilisé ces applications pendant des mois, certains même des années, et dépilé des milliers de flashcards, les fameuses cartes mémoire. Leur niveau en langue n’a pas décollé pour autant, et ils sont encore moins devenu fluent ou bilingue. Quand on comprend comment le cerveau fonctionne, on comprend pourquoi!

La stratégie optimale pour mémoriser efficacement
La solution optimale pour mémoriser efficacement : encodage profond personnalisé + répétition espacée!

La solution optimale pour un apprentissage plus facile, plus rapide et plus durable, c’est donc la répétition espacée couplée à une méthode personnalisée d’encodage de l’information que l’on souhaite retenir.

L’activation des connaissances que vous avez apprises est également fondamentale.

L’utilisation des cartes mémoire n’est pas indispensable pour apprendre une langue étrangère. Vous avez intégré votre langue maternelle sans étudier des milliers de flashcards, qu’elles soient au format papier ou numérique, tout simplement en étant exposé à la langue tous les jours et en l’utilisant. Mais les cartes mémoire sont extrêmement utiles pour accélérer l’acquisition du vocabulaire et des structures de la langue, notamment au début de votre parcours, aux niveaux débutant et intermédiaire.

Si vous souhaitez utiliser des cartes mémoire au format numérique, il n’y a pas photo. La solution que je recommande, je vous la donne ici, là, tout de suite et c’est : ANKI.

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Anki, c’est l’outil de répétition espacé open source le plus puissant au monde. Et il est gratuit!

Il permet de personnaliser entièrement le contenu de vos cartes mémoire, de faire véritablement du sur mesure, pour vous et votre cerveau. Il permet d’associer encodage profond de l’information dans votre cerveau et répétition espacée. Quelles que soient les informations que vous souhaitiez retenir, dans quelque domaine que ce soit – apprentissage des langues, droit, médecine ou autre – avec Anki, vous êtes parés!

Maîtriser Anki, l’utiliser de la bonne façon et en tirer tous les bénéfices est un sujet en soi, et c’est pour ça que j’ai créée une formation dédiée, à part, spécifiquement sur le maniement de l’outil : Master Anki.

Dans cette formation, je vous guide pas à pas dans l’utilisation d’Anki, et vous donne l’ensemble des bonnes pratiques mais aussi des choses à éviter absolument, pour en tirer le meilleur parti.

Malheureusement, l’école n’évolue pas à la vitesse du monde… Elle est même particulièrement datée… et c’est à chacun d’entre nous d’aller chercher les clés de notre réussite!

Cet article clôture la série de 4 articles que je souhaitais partager avec vous sur le fonctionnement de la mémoire. J’espère qu’ils vous ont été utiles et que vous avez appris quelque chose. Ils sont à jour des dernières découvertes des neurosciences sur la science de l’apprentissage, à fin 2019. Quand on se penche sur l’apprentissage, on s’aperçoit bien vite que la majeure partie des conseils qui nous ont été donnés pendant nos études ne sont pas forcément les plus efficaces. C’est le cas de l’apprentissage par coeur et de bien d’autres choses… Ce qui me paraît fou surtout, c’est de voir le temps que mettent nos connaissances sur les neurosciences de l’apprentissage à se diffuser auprès du grand public et des organes éducatifs.

Ces dernières années, l’éducation nationale se penche de plus en plus sur les apports des neurosciences pour l’apprentissage et d’ici quelques années, on devrait pouvoir espérer des évolutions pédagogiques majeures dans les écoles. Mais cette vieille dame respectable qu’est l’Education Nationale évolue lentement, et pour nous qui sommes déjà sortis du système scolaire depuis longtemps, ou pour une grande partie des élèves qui sont dans le système aujourd’hui, il est déjà trop tard. Pourtant, le monde évolue sans cesse, il est de plus en plus rapide et compétitif. Une des clés de notre réussite réside dans notre capacité à évoluer avec lui et à apprendre sans cesse. C’est à NOUS d’aller chercher les clés pour apprendre plus facilement, plus efficacement et plus durablement, et grandir chaque jour un peu plus, en allant se former auprès des meilleurs.

A travers les articles du blog, à travers les épisodes du podcasts, et à travers les formations, c’est ce que j’aimerais arriver à faire : vous aider à atteindre vos objectifs et vous donner les moyens de grandir, un petit peu tous les jours. A tout de suite dans le prochain contenu! 🙂

 

Mémorisation optimisée du vocabulaire avec Anki
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